-Le plan "SIMOUN"...juin 1962
source: pieds Noirs Magazine n� 21 d�cembre 1991

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retour : histoire
 
Ayant 20 ans et sursitaire, j'ai " b�n�fici�" de ce plan Simoun. D�part du Lido le 12 juin (la derni�re vague), arriv�e au Bourget puis destination, non l'Allemagne, mais Vannes dans le Morbihan. Ce dont j'ai le plus souffert? Le crachin, les piq�res...le premier vrai �loignement non volontaire de la famille: une d�portation en somme.
Un m�moire de master a �t� r�dig� sur le plan Simoun. Par Soraya Laribi.
J'y figure, ayant fourni un t�moignage pour ce m�moire.
Cet article , de Soraya Laribi, sur le Plan Simoun vient de para�tre dans la Revue historique des arm�es (dans la rubrique "Variations"). (d�cembre 2012) Voir , plus bas, le texte de l'article que j'ai reproduit.
Juin 1962. Plusieurs Noratlas en provenance d'Alg�rie atterrissent sur l'a�roport militaire de Strasbourg. Par dizaines, des jeunes gens descendent, encore �tourdis des 4h45 qu'� dur� ce voyage p�nible et bruyant. Partis de Boufarik le matin pour une "destination inconnue", ils se retrouveront le soir incorpor�s dans diff�rents r�giments des Forces Fran�aises en Allemagne, � plus de deux mille kilom�tres de leurs familles et de leurs proches. Seule consolation, si on peut dire : un papier de l'administration militaire attestant de leurs premi�res heures de vol. C'est r�glementaire, et peut servir � leur avancement... Quelle d�rision par rapport � ce transbordement brutal subi au m�pris d'autres r�glements ! Cette op�ration -pudiquement d�nomm�e "appel�s anticip�s" par la presse -reste toujours largement m�connue des historiens. Nom de code militaire : Simoun.

De quoi s'agit- il ? Laissons parler les faits. Il suffit de relire La D�p�che d'Alg�rie (17 Mai 1962, page 3).
Conseil des Ministres du 16 Mai 1962. M. Pierre MESMER a fait approuver le principe d'une ordonnance sur la mobilisation des jeunes gens de 19 ans r�sidant en Alg�rie. Ce principe a �t� retenu par le Conseil." Les �v�nements actuels en Alg�rie, a d�clar� M. Alain PEYREFITTE, rendent souhaitable que des jeunes gens y soient soustraits dans toute la mesure du possible aux influences subversives des milieux qui les entourent, qu'ils soient prot�g�s contre les actes qu'inspirent ces influences."
On ne saurait �tre plus clair : il s'agit bel et bien d'organiser une rafle, de d�porter des jeunes gens susceptibles de militer pour l'OAS, et donc susceptibles de contrecarrer la politique du G�n�ral de GAULLE.

Mais si le gouvernement veut mettre les formes
, la mani�re se charge de d�montrer que l'intention humanitaire reste un leurre. De la mobilisation des jeunes gens de 19 ans, on glisse vite (cf. arr�t� d'application du 22 Mai) aux "jeunes gens domicili�s � Alger et Oran" sans faire r�f�rence � l'�ge

.En l'absence d'�tude s�rieuse sur cette op�ration et la population qu'elle a touch�e, on en est pour l'instant r�duit � r�unir quelques �l�ments �pars. Ce qui est s�r, c'est que de jeunes sursitaires - des �tudiants, notamment - verront leur sursis brutalement r�sili� au m�pris de l' engagement de la parole de l'Etat... Par ailleurs, certains "appel�s anticip�s" ne r�pondront pas � un tel appel, tombant alors sous le coup de la d�sertion...

Lors du vote sur une motion de censure, le 4 Juin, M. RENUCCI s'insurge contre cette "discrimination territoriale et raciale" et �voque le "traumatisme psychologique dont souffriront ces jeunes incorpor�s dans les unit�s de M�tropole : on leur impose une sorte de STO, on leur fait porter moralement une �toile jaune". (La D�p�che d'Alg�rie, 5-6 Juin 1962).

Le gouvernement n'a cure de telles remarques. Une d�p�che de l'Agence France Presse (reprise par La D�p�che d'Alg�rie du 8 Juin 1962) annonce
:"1.500 jeunes mobilis�s d'Alg�rie sont attendus au Bourget. Paris (AFP) ? Environ 1.500 jeunes Fran�ais d'Alg�rie appel�s sous les drapeaux sont attendus du 7 au 12 Juin � la base militaire du Bourget � bord d'avions sp�ciaux affr�t�s par le minist�re des Arm�es. Le premier des dix-huit avions pr�vus pour cette p�riode devait atterrir dans la soir�e d'hier, en provenance de Boufarik, et ayant � bord 85 jeunes conscrits."
La d�p�che d'Alg�rie du m�me jour titre en derni�re page :"400 jeunes Alg�rois "mobilis�s anticip�s" ont "rejoint". Ils seront achemin�s aujourd'hui sur la M�tropole et, surtout, sur l'Allemagne."

En terre germanique, au moins, ces jeunes n'entraveraient pas la politique gaulliste en Alg�rie...

Les op�rations continueront encore apr�s cette date puisque on sait que le 16 Juin des Noratlas en provenance de Boufarik atterriront � Strasbourg...

Alors, question : combien de jeunes gens ont �t� touch�s par ce qu'il faut bien appeler une rafle ? Et pourquoi les historiens sont si peu bavards � ce sujet ?

Les faits sont l�, pourtant, v�rifiables et incontestables. Peut-�tre davantage de t�moignages de victimes de cette d�portation alerteront les chercheurs sur cette p�riode... Plan Simoun, vous connaissez ?


NB : Appel � t�moignages ? Que nos amis abonn�s ayant subi ce STO nous �crivent et nous racontent ? Pour l'histoire !



Le plan Simoun ou la mobilisation anticip�e des conscrits europ�ens d�Alg�rie en juin 1962
The Simoun plan or early mobilization of European conscripts of Algeria in June 1962
Soraya Laribi


p. 98-107
R�sum� | Index | Plan | Texte | Notes | Citation | Auteur
R�sum�
Fran�aisEnglish. Le plan Simoun est le nom de code militaire d�une op�ration destin�e � transf�rer les jeunes europ�ens d�Alger et d�Oran en m�tropole et en Allemagne afin qu�ils y effectuent leur service militaire. Il s�inscrit dans la m�me logique que les trois fractions du contingent pr�c�dent, dites 1962/1 A, 1962/1 B et 1962/1 C, respectivement mobilis�es les 1er janvier, 1er mars et 1er mai 1962 et envoy�es, elles aussi, en m�tropole. Cependant, il s�en distingue par l�appel anticip�. En effet, les jeunes FSE (Fran�ais de souche europ�enne) d�Alger et d�Oran ont �t� mobilis�s en juin, un mois avant l�appel de la fraction du second contingent, dite 1962/2 A, dont l�incorporation �tait normalement pr�vue pour le 1er juillet selon le d�cret, n� 61-1291 du 29 novembre 1961. Mais aussi, par le recrutement � l��ge de 19 ans, en raison de l�alignement des �ges d�incorporation sur ceux de la m�tropole et par la r�siliation de nombreux sursis. Ces mesures extraordinaires sont impos�es, le 17 mai 1962, par l�ordonnance n� 62-574 du ministre des Arm�es Pierre Messmer.

The Simoun plan or early mobilization of European conscripts of Algeria in June 1962
The plan Simoun is the military code name for an operation to transfer young Europeans of Algiers and Oran to the mainland France and to Germany so they could do their military service. It is part of the same thinking as the three fractions of the preceding contingent, say 1962/1 A, 1962/1 B and 1962/1 C, mobilized respectively on 1 January, 1 March and 1 May 1962 and sent, also, to the mainland France. In effect, the young FSE (French of European roots) of Algiers and Oran were mobilized in June, a month before the call-up of a fraction of the second contingent, known as 1962/2 A, whose incorporation was normally scheduled for July 1, according to the decree No. 61-1291 of 29 November 1961. But also, by the recruitment age of 19, due to the alignment of the ages of induction for those in the mainland France and the cancellation of many extensions. These extraordinary measures were imposed, May 17, 1962, by Ordinance No. 62-574 of the Minister of the Armies Pierre Messmer.

Entr�es d'index
Mots-cl�s :conscription, guerre d�Alg�rie, OAS
Plan
Le plan Simoun, une incorporation strat�gique
La jeunesse fran�aise de souche europ�enne d�Alg�rie, objet d�une mobilisation anticip�e
Alger et Oran, bastions de l�OAS, cibles du plan Simoun
Le plan Simoun en accusation
Une incorporation d�licate
Des appel�s anticip�s � amadouer
Un accueil rigoureusement pr�par�
Un transfert outre-mer h�tif
Une incorporation autoritaire
Une incorporation anticip�e fructueuse
Une mobilisation obligatoire
Un symbole du non-retour ?

Texte int�gral
Signaler ce document1 Lib�ration, 12-13 mai 1962, p. 3.

1. � Rien de grand, rien d�important ne peut �tre fait si l�ordre public n�est pas maintenu �, affirme le haut-commissaire de la R�publique en Alg�rie Christian Fouchet dont l�objectif est de maintenir les accords d��vian 1. De fait, le 19 mars 1962, le cessez-le-feu est proclam� � midi en Alg�rie. Les n�gociations politiques avec le Front de lib�ration nationale (FLN) ont abouti. Il convient, d�s lors, de favoriser leur application vivement rejet�e par l�Organisation arm�e secr�te (OAS) qui intensifie ses attentats. C�est la probl�matique majeure de la p�riode de transition qui s��tend du cessez-le-feu au 1er juillet, date du r�f�rendum sur l�autod�termination pr�vu en Alg�rie. Christian Fouchet d�cide de lutter contre l�OAS avec une nouvelle strat�gie : fragiliser de l�int�rieur l�organisation, en visant directement ses adh�rents. Trois groupes distincts de la population fran�aise de souche europ�enned�Alg�rie sont vis�s par sa politique impuls�e, � partir de la cit� administrative de Rocher noir, en accord avec l�Ex�cutif provisoire dirig� par Abderrahmane Far�s. C�est dans cette dynamique que s�inscrit le plan Simoun, une mobilisation anticip�e des conscrits europ�ens d�Alger et d�Oran, �g�s de 19 ans.

Le plan Simoun, une incorporation strat�gique
La jeunesse fran�aise de souche europ�enne d�Alg�rie, objet d�une mobilisation anticip�e

          2. Le 3 mai 1962, une inspection surprise de Christian Fouchet, en compagnie du commandant sup�rieur des forces arm�es d�Alg�rie, le g�n�ral Michel Fourquet, � Oran, a pour r�sultat l��mission de six mesures de r�affirmation de l�autorit�. Adopt�es le 11 mai, elles sont �nonc�es le 13 mai, jour du quatri�me anniversaire de la prise de pouvoir de 1958. � travers une enqu�te intitul�e : � Les trois visages de l�OAS en Alg�rie � 2, l�envoy� sp�cial du journal Le Monde, Alain Jacob, signale que les �tats-majors, responsables et dirigeants de l�OAS ne sont pas directement vis�s par cette � op�ration Fouchet �. En effet, en inaugurant ce processus, les autorit�s d�cident d�sormais d�annihiler l�organisation, en personnalisant son action, en la canalisant au sein des structures de la soci�t� europ�enne, soup�onn�es d�adh�rer � l�OAS : les notables, la police et la jeunesse 3.

2 Le Monde, 24 mai 1962, p. 5.
3 Nous reprenons la th�se du journaliste Jean-Claude Vajou, Combat, 12-13 mai 1962, p. 1.
4 Les quatre autres mesures de l�� op�ration Fouchet �annoncent, notamment, la pr�sence de gendarmes(...)

          3. Le gouvernement a la volont� de r�duire l�OAS par des moyens fran�ais. La situation est tendue car l��chec de l��op�ration Fouchet� remettrait en question l�Ex�cutif provisoire et inciterait le FLN � demander la pr�sence de forces militaires neutres, telles que celles de l�ONU, provoquant l�exasp�ration de la minorit� europ�enne et son int�gration dans les rangs de l�OAS. L�attention de Christian Fouchet se concentre, donc, sur la jeunesse. De fait, parmi les six mesures de fermet�, figurent : la dissolution de l�Association g�n�rale des �tudiants alg�riens(AGEA) et l�appel sous les drapeaux des jeunes Fran�ais de souche europ�enne (FSE) de 19 ans 4.

5 Ce d�cret concerne la composition, les dates d�appel et les obligations d�activit� des premier et(...)
6 Verd�s-Leroux (J.), Les Fran�ais d�Alg�rie de 1830 � aujourd�hui. Une page d�histoire d�chir�e, Pa(...)

          4.Les archives militaires attestent que l�incorporation des FSE en m�tropole a d�j� �t� accord�e par le ministre des Arm�es, Pierre Messmer, le 4 d�cembre 1961. Dans cette logique, les fractions du premier contingent 1962/1 A, 1962/1 B et 1962/1 C ont �t� respectivement mobilis�es le 1er janvier, le 1er mars et le 1er mai 1962, selon le deuxi�me article du d�cret no 61-1291 du 29 novembre 1961 5, et envoy�es en m�tropole, les �loignant de l�activisme de l�OAS. Fort de cet exemple fructueux, Christian Fouchet compte poursuivre cette mesure par un appel anticip� des jeunes FSE d�Alg�rie, en juin. C�est une mesure exceptionnelle car, selon ce m�me d�cret, la fraction du prochain contingent, dite 1962/2 A, doit �tre normalement mobilis�e en juillet. D�o� l�id�e � d�appel anticip� �. Christian Fouchet demande donc l��mission d�une ordonnance. Cette derni�re doit lui permettre d�incorporer, en juin, les jeunes FSE, �g�s au minimum de 19 ans, qui n�auraient pas effectu� leur service militaire, y compris ceux qui b�n�ficient d�un sursis pour terminer leurs �tudes. En r�alit�, l�int�r�t du haut-commissaire pour cette cat�gorie provient d�un constat : la forte proportion de jeunes FSE adh�rant � l�OAS. Prenant pour exemple l�arrestation le 9 mai, de quatre �tudiants �g�s de 20 � 23 ans, auteurs d�un attentat � Alger, il d�nonce la criminalit� juv�nile. Certes, la jeunesse repr�sente une fraction importante de l�OAS. Elle est employ�e pour la distribution de tracts, le transport d�armes. � plus forte mesure, elle s�adonne � des attentats ou � un terrorisme raciste envers les musulmans : les ratonnades 6.

7 Monneret (J.), La phase finale de la guerre d�Alg�rie, Paris, L�Harmattan, p. 19.
8 Ibid., p. 118.

          5. Cependant, le constat de Christian Fouchet doit �tre nuanc�. Un revirement d�opinion s�op�re d�s le mois de f�vrier 1962. Une partie de la population FSE a d�savou� l�OAS � la suite de l�attentat � l�encontre du ministre de la Culture Andr� Malraux, le 7 f�vrier. De surcro�t, l�incarc�ration des principaux responsables de l�organisation, revers fracassant, annihile l�espoir de conserver l�Alg�rie fran�aise. Enfin, depuis le r�f�rendum du 8 avril, qui approuve � 90,7 % la politique alg�rienne du g�n�ral de Gaulle, l�OAS s�adonne � une� strat�gie de la tension � 7, avec la volont� de provoquer des attentats urbains auxquels les FSE sont directement expos�s. En ce printemps 1962, les jeunes FSE sont donc autant les cibles de l�OAS que celles du FLN. En effet, r�pondant � l�activisme OAS, le FLN effectue des enl�vements d�Europ�ens. � Alger, les enl�vements sont pass�s de 44 en avril � 276 en mai 8. La protection des FSE est donc, une motivation qui explique en grande partie leur envoi outre-mer, loin des deux derniers bastions de l�OAS : Alger et Oran.

Alger et Oran, bastions de l�OAS, cibles du plan Simoun
          6.La mobilisation anticip�e s�adresse aux jeunes FSE r�sidant � Alger et � Oran, car l�emprise de l�OAS y est importante. Les activistes optent, alors, pour la strat�gie de � la terre br�l�e �, derni�re tentative d�action directe, d�s le mois de mai. Ainsi, � Oran, le g�n�ral Paul Gardy, dirigeant de l�OAS depuis l�arrestation d�Edmond Jouhaud, compte cr�er � un r�duit oranais �, dans lequel tous les Europ�ens se regrouperaient. Il pr�ne la partition de la ville et harc�le, � cette fin, autant le FLN que les forces de l�ordre fran�aises 9.

9 Duranton-Cabrol (A. M.), Le Temps de l�OAS, Bruxelles, �ditions Complexe, p. 216.

          7. Tandis qu�� Alger, un attentat � l�encontre de dockers musulmans venus � l�embauche, le 2 mai, est un tournant dans l�action du FLN. Au cours d�une r�union, il affirme que � les moyens d�cisifs � devront �tre employ�s contre l�OAS. Le commandant Azzedine, chef de la wilaya 4, se r�sout � riposter ouvertement. Le 14 mai, ses feddayins mitraillent simultan�ment 37 caf�s ou restaurants � fr�quent�s par les tueurs de l�OAS et leurs sympathisants �. Le lendemain, l�OAS tue en repr�sailles 64 musulmans. Le commandant Azzedine revendique publiquement ses actes et menace de les renouveler si Christian Fouchet et l�Ex�cutif provisoire n�appliquent pas les mesures pour le respect du cessez-le-feu � Alger. Trois jours plus tard, l�appel anticip� est ordonn�.

10 La D�p�che d�Alg�rie, 17 mai 1962, p. 1.
11 Journal officiel de la R�publique fran�aise, 18 mai 1962, p. 4869-4870.

          8Une ordonnance est donc �mise le 17 mai 10. Elle valide l�incorporation anticip�e des jeunes �g�s de 19 ans et des sursitaires, en m�tropole et en Allemagne 11. Le premier article stipule que l�appel concerne les � Alg�riens recens�s en Alg�rie �. Cette affirmation est une source d�ambigu�t� car elle implique autant la mobilisation des FSE que des Fran�ais de souche nord-africaine (FSNA). De m�me, aucune ville en particulier n�est cit�e, ce qui laisse le choix � la discr�tion du haut-commissaire, tel que le mentionne le deuxi�me article de l�ordonnance. Pourtant, paradoxalement, dans l�article du journal Lib�ration du 12 mai, les villes d�Alger et d�Oran sont les cibles, clairement mentionn�es, de la mobilisation anticip�e. L�ordonnance est donc peu claire et g�n�re une certaine ambigu�t� qui annonce des malentendus au sein de la population FSE.

12 T�moignage de monsieur Ren� Mancho. Ceci est un extrait de son blog : http://oran1954.over-blog.co(...)
13 T�moignage de monsieur Bernard Venis. Ceci est un extrait de son blog : www.alger-roi.net

          9.Cette mobilisation anticip�e prend le nom de code militaire � Simoun �. Ce terme qualifie un vent chaud et violent du d�sert d�Arabie, soufflant sur les c�tes orientales de la M�diterran�e. Cette appellation laisse songeurs les appel�s anticip�s auxquels nous avons demand� la raison de ce choix : � Le simoun est un vent chaud du d�sert alors pourquoi cette appellation (�). Peut-�tre �tions-nous des grains de sable que l�che ce vent, mais pour moi le vent chaud s�est transform� en bise hivernale � 12, �nonce un t�moin, envoy� en Savoie. Tandis qu�un autre t�moin incorpor� � Vannes affirme : � C�est un vent chaud qui noie et balaie tout sur son passage. Est-ce que nous avons �t� balay�s, chass�s ? � 13

          10. Le plan Simoun se subdivise donc en deux afin d�encadrer au mieux la jeunesse europ�enne des deux villes. D�une part, le plan Simoun I s�adresse � la jeunesse d�Alger. D�autre part, le plan Simoun II vise la jeunesse d�Oran. Cependant, la r�siliation des sursis ainsi que l�anticipation du service militaire, impos�es par l�ordonnance, suscitent des critiques.

Le plan Simoun en accusation

          11.En effet, l�Union nationale des �tudiants de France(UNEF) s��l�ve aussit�t contre l�incorporation anticip�e. De fait, les jeunes gens incorpor�s ne pourront pas se pr�senter aux examens 14. En outre, dans une �mission pirate, le 22 mai, l�OAS conteste l�appel sous les drapeaux des jeunes FSE. Elle ordonne � la population de les cacher et aux fonctionnaires de saboter le plan 15. Dans l��mission du 2 juin, elle compare le plan Simoun au service du travail obligatoire (STO) et assimile Christian Fouchet au Gauleiter Fritz Sauckel 16. Certes, le STO �tait effectu� en Allemagne � titre de substitut du service militaire et des sursis furent supprim�s. N�anmoins, le rapprochement, voire l�amalgame, entre ces deux concepts est injustifi� car l�appel anticip� �tait �galement destin� � prot�ger ces jeunes.

14 Le Monde, 27-28 mai 1962, p. 3.
15 SHD/GR, 1 H 1736, dossier 2, �mission pirate de l�OAS, diffus�e entre 19h40 et 19h58, le 22 mai 1(...)
16 SHD/GR, 1 H 1736, dossier 2, �mission pirate de l�OAS, diffus�e entre 19h56 et 20h15, le 2 juin 19(...)
17 Journal officiel de la R�publique fran�aise, 3 juillet 1962, p. 2179.
18 Le Monde, 6 juin 1962, p. 2.

          12. Enfin, � la veille du plan Simoun, un d�put� de Batna d�nonce �galement cette cinqui�me mesure de l�� op�ration Fouchet �. Le g�n�ral Dominique Marie Renucci, choisit d�effectuer le rapport d�un t�l�gramme d�un �lecteur, le 5 juin 17. Il affirme que cet appel anticip� va � l�encontre de l�article 3 du chapitre IX des accords d��vian sur la protection des droits et des libert�s des citoyens alg�riens de statut civil ou de droit commun qui signale que : � (�) les Alg�riens de statut civil de droit commun seront, pendant cinq ans, dispens�s de service militaire �. Il insiste �galement sur les r�percussions psychologiques que pourraient avoir l�envoi des appel�s outre-mer 18. Cependant, le plan Simoun commence deux jours plus tard, le 7 juin.

Une incorporation d�licate
Des appel�s anticip�s � amadouer

          13. L�ordonnance a �t� d�ment m�dit�e et a �t� l�objet d�une �troite correspondance entre Christian Fouchet et le g�n�ral Michel Fourquet. L�objectif �tait d��viter des d�sertions et d�incorporer un grand nombre de jeunes FSE, d�Alger et d�Oran. � cette fin, le g�n�ral Michel Fourquet a propos� � Christian Fouchet d�aligner les �ges d�incorporation d�Alg�rie sur ceux de la m�tropole 19. C�est pourquoi, l�id�e d�une mobilisation � l��ge de 19 ans a provoqu� autant de remous. De fait, il existe un d�calage entre les classes creuses en France, li�es � une f�condit� en chute et les classes trop importantes en Alg�rie, en vertu de la mobilisation des FSNA. Ils sont, donc, mobilis�s � 20 ans en m�tropole, tandis qu�en Alg�rie, ils sont incorpor�s � l��ge de 21 ans.

19 SHD/GR, 1 H 1385, 10 mai 1962.
          14. L�ordonnance impose �galement la r�siliation des sursis. En effet, c�est le g�n�ral Michel Fourquet qui a propos� cette seconde mesure, compl�tant l�alignement des �ges d�incorporation. N�anmoins, afin de ne pas provoquer le m�contentement des jeunes FSE, il pr�voit, non seulement, de supprimer les sursis de tous les partisans de l�OAS arr�t�s ; mais aussi, de multiplier les contr�les de la police, dans les villes d�Oran et d�Alger, d�en garder � chaque fois une fraction et de les interner administrativement. Ceux qui se r�v�leraient �tre en sursis seraient mobilis�s. Enfin, outre les r�siliations de sursis, le g�n�ral Michel Fourquet annonce que les sursitaires, qui renonceront � leur sursis avant le 15 septembre ou dont le sursis arrivera � expiration avant le 1er novembre ainsi que ceux dont le sursis n�aura pas �t� renouvel� au titre de l�ann�e scolaire 1962-1963, seront incorpor�s. En somme, l�effectif susceptible d��tre appel� et de 19 500 jeunes, comprenant 11 000 FSE, jusqu�� l��ge de 18 ans et cinq mois, 7 000 FSE sursitaires et 1 500 FSE en report d�incorporation.

20 SHD/GR, 1 H 1385, 26 mai 1962.

          15. En r�alit�, entre le 10 mai, date de r�daction de la note de service du g�n�ral Michel Fourquet � Christian Fouchet et l��mission de l�ordonnance du 17 mai, le nombre a �t� r�duit. In fine, 6 000 FSE, toutes cat�gories comprises, habitant Alger et Oran, sont vis�s. Par ailleurs, bien que l�incorporation s�adresse � tous les jeunes �g�s de 19 ans r�sidant au sein des villes d�Alger et d�Oran, on constate des exceptions. D�s la parution de l�ordonnance, certains jeunes aux cas particuliers se sont pr�sent�s spontan�ment aux centres d�instruction demandant le maintien de leurs sursis ou le report d�incorporation. Le g�n�ral Michel Fourquet s�engage � �tudier lui-m�me chacun des cas sans d�l�guer le pouvoir de d�cision 20. Cette initiative refl�te donc, de nouveau, le d�sir de ne pas susciter de m�contentement, voire la r�bellion des jeunes FSE. C�est pourquoi, les conditions mat�rielles destin�es � am�liorer le moral des jeunes FSE, empreints d�amertume par la r�siliation des sursis et l�appel anticip�, doivent aussi �tre valoris�es.

Un accueil rigoureusement pr�par�

          16. Les recrues doivent �tre correctement accueillies. Cette id�e est constante au sein des archives concernant le plan Simoun 21. C�est pourquoi, les autorit�s militaires se fondent sur les comptes rendus des pr�c�dentes incorporations outre-mer.Le g�n�ral Michel Fourquet cible le personnel et les cadres charg�s du plan Simoun. Il signale que les g�n�raux commandant les r�gions territoriales et les corps d�arm�e d�Alger et d�Oran doivent mettre chacun sur pied un centre de rassemblement charg� de l�accueil des recrues, puis de leur mise en condition et de leur embarquement. Le personnel, responsable de l�accueil des recrues, doit �tre compos� pour chaque ville, d�un officier sup�rieur, chef de centre, second� par deux adjoints charg�s des questions administratives. � ceux-ci doivent s�ajouter, un secr�tariat �toff� comprenant des secr�taires et des dactylos, ainsi qu�une �quipe m�dicale compos�e de plusieurs m�decins et infirmi�res. De m�me qu�une antenne de recrutement, compos�e d�un officier et de plusieurs sous-officiers et secr�taires.

21 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.
22 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.

          17.Charg�s d�accompagner les jeunes incorpor�s en m�tropole et de porter les pi�ces matricules, les documents concernant leur transport, les cadres de conduite sont d�finis de la mani�re suivante par le g�n�ral Michel Fourquet : un officier d�active dirigera 200 recrues. En outre, un sous-lieutenant s�occupera de 50 recrues. Enfin, un sous-officier sera � la t�te de 20 recrues. Ces derniers doivent se pr�senter la veille du jour de leur prise de service � huit heures. Sous la conduite du service g�n�ral de centre, ils devront consacrer la journ�e aux reconnaissances n�cessaires � l�ex�cution des services de r�ception et d�accueil qui seront assur�s le lendemain. Ainsi, la pr�paration rigoureuse du plan Simoun refl�te de nouveau la volont� des autorit�s militaires de r�ussir l�accueil et l�envoi outre-mer des jeunes FSE 22.

23 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juin 1962.
24 Pieds-noirs magazine, n� 21, d�cembre 1991, Pons (Cagnes), p. 32.
25 SHD/GR, 1 H 1385, 1er juin 1962.
26 SHD/GR, 1 H 1385, 30 mai 1962.

          18. Le plan Simoun doit se d�rouler du 7 juin jusqu�au 16 juin inclus pour la ville d�Alger et du 7 juin au 13 juin inclus pour la ville d�Oran 23. D�s le 1er juin, les g�n�raux commandant les r�gions territoriales d�Alger et d�Oran ont d�termin� les centres de rassemblement, destin�s � accueillir les jeunes recrues, au sein de leurs villes respectives. En effet, objets du plan Simoun I, les jeunes FSE d�Alger vont �tre accueillis au camp du Lido et embarquer � l�a�rodrome militaire de Maison Blanche 24, leur transport �tant effectu� par voie a�rienne. Leur d�barquement est pr�vu dans les a�rodromes militaires du Bourget et de Strasbourg. Tandis que les recrues d�Oran, cibles du plan Simoun II, devront se pr�senter au centre de rassemblement d�Eckm�hl. Elles sont destin�es � embarquer � l�a�rodrome militaire de la S�nia et � d�barquer � Istres 25. Les FSE n�s entre le 1er avril 1942 et le 30 avril 1943 domicili�s et r�sidant dans les communes d�Alger et d�Oran et les sursitaires n�s entre le 1er mai 1935 et le 30 avril 1943 r�sidant dans les m�mes communes, soit environ 6 000 jeunes, sont convoqu�s 26.

27 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.
28 Le Monde, 23 mai 1962, p. 7.

          19.Les recrues sont mobilis�es par ordre d�appel individuel �tabli et post� par le service du recrutement. Simultan�ment, un communiqu� indiquant pour chaque tranche d�appel les lieux et les dates de convocation est diffus� par voie de presse et de radio le premier jour de l�appel, et r�p�t� pour chaque tranche, la veille du jour de convocation 27. Cependant, les bureaux de recrutement militaire des deux villes connaissent des difficult�s d�ordre technique pour envoyer les convocations � chacun des jeunes FSE appel�s sous les drapeaux. Les autorit�s n�h�sitent pas � utiliser la t�l�vision, ce qui �tonne l�envoy� sp�cial du journal Le Monde, Alain Jacob :� Ce mode d�appel insolite a �t� d�cid� par l�autorit� militaire en raison des perturbations que conna�t actuellement le service des postes dans les deux villes et sans doute parce que les gendarmes ont d�autres t�ches � remplir. � 28 Le communiqu� est diffus� sur France V. Ces initiatives d�montrent encore le v�u des autorit�s fran�aises d�incorporer le maximum de jeunes FSE et d��viter leur adh�sion � l�OAS en les �loignant de l�Alg�rie.

Un transfert outre-mer h�tif
          20.Rigoureusement pr�par�, le plan Simoun est en outre op�r� promptement, car la situation dans les deux villes est tendue et le d�part est difficile, tel que le signale un t�moin : � Mes parents m�accompagnent : ce sont nos derni�res paroles, nos derniers sourires, nos derni�res embrassades sur ce sol d�Alg�rie. C�est la premi�re fois que je quitte ma famille sans savoir si on se reverra. Je pars, eux restent encore� et l�in�luctable fait sentir sa pr�sence. Je souris mais le c�ur n�y est pas. Je laisse vingt ans de ma vie sur le sol, tous les membres de ma famille, mon quartier, une r�elle douceur de vivre, que je n�ai plus retrouv�e � l�identique, tous mes rep�res. � l��poque pas de cellule d�accompagnement ! � 29

29 T�moignage de monsieur Bernard Venis, op.cit.
30 SHD/GR, 1 H 1385, 27 juin 1962.
31 SHD/GR, 1 H 2709, 19 juin 1962.

          21. Aux centres de rassemblement, du Lido et d�Eckm�hl, o� les recrues d�Alger et d�Oran, sont respectivement attendues, les formalit�s sont, en effet, exp�di�es et ce constamment dans la double logique d��vacuer rapidement les jeunes Europ�ens et d��viter leur insatisfaction. L�organisation des centres comporte un service de r�ception et d�accueil fonctionnant, d�une part � la gare routi�re, d�autre part aux centres d�instruction des deux villes, ainsi qu�une cha�ne de mise en condition destin�e � pr�parer les jeunes FSE � embarquer. Cette derni�re comprend une antenne de recrutement, un service g�n�ral et une antenne m�dicale 30. Ainsi, d�s leur arriv�e les recrues se rassemblent pour �couter l�allocution du chef de centre 31, leur pr�sentant les diff�rentes �tapes de l�incorporation et leur recommandant une parfaite tenue.

32 SHD/GR, 1 H 2709, 19 juin 1962.
33 Ibid., 27 juin 1962.

          22.Par groupe de 20 recrues en tenue civile, ils sont pris en charge par les cadres d�sign�s pour les accompagner jusqu�au lieu de destination. Les jeunes recrues passent successivement devant un service de fouille, puis devant l�antenne de recrutement et, enfin, au secr�tariat. Ce dernier est organis� en deux ateliers, un par destination, Strasbourg et Le Bourget d�une part, Istres d�autre part. Il proc�de imm�diatement � l�enregistrement des renseignements sommaires concernant chaque recrue et � des listes nominatives destin�es aux cadres 32. Ensuite, les jeunes FSE passent une visite m�dicale. Les inaptes m�dicaux sont renvoy�s chez eux, apr�s avoir �t� point�s, avec une attestation r�gulant provisoirement leur situation. Durant leur s�jour dans les centres, les recrues d�jeunent sur place. Ils assistent � une pr�sentation de mat�riels blind�s ainsi qu�� une s�ance de cin�ma r�cr�atif avant leur d�part 33.

          23.Pendant les quatre premiers jours, les moyens de transport a�riens pr�sents ont permis d�embarquer environ deux tiers des incorpor�s. � partir du 11 juin, gr�ce � une augmentation des moyens de transports et au report dans l�apr�s-midi des horaires de d�part, la totalit� des recrues a �t� dirig�e en m�tropole, le jour m�me. Un t�moin, a embarqu� dans un DC-6, un quadrimoteur de la Swissair et un autre a embarqu� sur un porte-avions l�ger, le Lafayette. De nouveau, la diversit� des moyens de transports employ�s par les autorit�s militaires pour faciliter le d�part des jeunes FSE r�v�le la volont� de les �loigner au plus vite.

34 SHD/GR, 1 H 1385, 30 mai 1962.
35 T�moignage de monsieur Gilbert-Ange Caramante extrait du site suivant : www.cerclealgerianiste.ass(...)

          24.L�arriv�e des jeunes FSE en m�tropole s�articule autour de trois temps forts 34. Le premier temps est l�incorporation. L�affectation des recrues est prononc�e � leur arriv�e en m�tropole. Chaque jour, les FSE sont ainsi r�partis : 80 % au sein de l�arm�e de Terre, 15 % � l�arm�e de l�Air, et 5 % dans la Marine nationale. Ainsi, un t�moin, brevet� parachutiste, a �t� affect� au 7e bataillon de chasseurs alpins � Bourg-Saint-Maurice en Savoie. Situ� � 50 kilom�tres d�Albertville, ce bataillon fait partie de la 27e brigade d�infanterie de montagne : � Alors l�hiver 1962-1963, pour quelqu�un qui n�avait pratiquement jamais vu la neige et des temp�ratures tr�s froides, cela forge le moral. � Un autre t�moin a, pour sa part, �t� incorpor� au 10e r�giment d�artillerie anti-a�rien, dans la ville de Vannes. Enfin, un t�moin a �t� envoy� � Lure au 54e r�giment d�artillerie 35.

          25. D�s leur arriv�e, les recrues sont imm�diatement rattach�es � la fraction du contingent 1962/2 A incorpor�e d�s le 1er juillet. Ils passent ensuite une visite m�dicale, normalement pr�vue, � toute incorporation. C�est pour eux, la seconde visite, la premi�re ayant eu lieu en Alg�rie. Le second temps est celui de la s�lection. Un � tri � est effectu� dans l�objectif de faciliter le troisi�me temps, qui est celui de l�instruction. Ces derniers re�oivent la formation �l�mentaire du combattant en m�me temps que la fraction du contingent 1962/2 A. D�s l�incorporation de cette fraction, les recrues originaires d�Alg�rie sont associ�es � celles du contingent m�tropolitain. En attendant le d�but de l�instruction, une formation sommaire pr�paratoire � la formation commune de base et orient�e essentiellement sur l��ducation physique militaire, la marche, l�armement et le tir, est dispens�e. Alors que, le service militaire des jeunes FSE d�Alger et d�Oran �g�s de 19 ans transf�r�s en m�tropole ou en Allemagne commence, le plan Simoun s�ach�ve.

Une incorporation autoritaire
Une incorporation anticip�e fructueuse


          26.Ainsi que l�atteste la presse, les recrues sont arriv�es � destination aux dates pr�vues, sans retard. La D�p�che d�Alg�rie dat�e du 8 juin titre : � 400 jeunes alg�rois "mobilis�s anticip�s" ont "rejoint". Ils seront achemin�s aujourd�hui sur la m�tropole et surtout en Allemagne. � 36 Le bilan num�rique effectu� par le g�n�ral Michel Fourquet semble satisfaisant. Ainsi, pour le Grand Alger, sur 2 672 jeunes europ�ens convoqu�s : 1 428 se sont pr�sent�s, soit un pourcentage de 53,4 %. Tandis que pour la ville d�Oran, sur 1 350 FSE convoqu�s : 1 002 se sont pr�sent�s, soit 74,2 %. Par cons�quent, au total, pour les op�rations Simoun I et Simoun II sur 4 022 recrues convoqu�es, 2 430 se sont effectivement pr�sent�es, soit 60,7 %, dont 50 furent d�clar�s inaptes. 2 313 au total furent incorpor�s en m�tropole, tandis que 67 jeunes europ�ens d�Oran furent dirig�s vers Mers el-K�bir 37. L��tude des statistiques ainsi que le ton all�gre des autorit�s militaires permettent d�observer que leurs esp�rances ont �t� combl�es.

36 La D�p�che d�Alg�rie, 8 juin 1962, p. 1.
37 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juillet 1962.
38 Nous avons effectu� le calcul suivant : 2 313 (recrues incorpor�es en m�tropole) + 67 (recrues dir(...)
39 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juin 1962.
40 T�moignage de monsieur Ren� Mancho.

          27. Cependant, il faut nuancer la r�ussite du plan Simoun. En effet, � l�origine, les autorit�s militaires comptaient envoyer 6 000 jeunes outre-mer donc un nombre beaucoup plus important que le r�sultat obtenu, soit 2 380 38. De plus, le graphique propos� par le g�n�ral Michel Fourquet, d�montre qu�aucune cat�gorie de jeunes ne s�est pr�sent�e en totalit�. Nombreux sont les FSE qui ne sont pas venus spontan�ment le jour de leur convocation aux centres d�instruction. La preuve �tant que, normalement le plan Simoun I, concernant la ville d�Alger, devait s��chelonner du 7 au 16 juin et le plan Simoun II, visant la ville d�Oran, devait s��tendre du 7 au 13 juin 39. Or, plusieurs recrues ont �t� mobilis�es apr�s le 16 juin, avec quelques jours de retard, comme un t�moin envoy� en m�tropole, le 21 juin 40.

          28.En r�alit�, la satisfaction des autorit�s militaires peut �tre, en partie, expliqu�e par la situation m�me des deux villes concern�es par l�appel anticip�. Les jeunes FSE mobilis�s demeurent loin des attentats de l�OAS. Effectivement, le 7 juin, premier jour du plan Simoun, correspond au pont culminant de la strat�gie de la � terre br�l�e � de l�OAS. � Alger, la Biblioth�que nationale est incendi�e, dix �coles sont plastiqu�es de m�me que le march� ouvert de Bab el-Oued entre autres. � Oran, ce sont la mairie, la biblioth�que municipale et trois �coles qui sont les cibles d�attentats de l�OAS. C�est pourquoi, les autorit�s militaires affirment que les appel�s du plan Simoun ont �t� envoy�s loin de ces deux villes avec succ�s. Certes, aucun incident n�a �t� not�. Le bon fonctionnement du transfert des jeunes FSE outre-mer est d� au personnel dont l�attitude est lou�e par le chef du centre de rassemblement d�Alger, notamment. Il �tait indispensable que les cadres se pr�sentent d�une fa�on parfaite devant les jeunes recrues. Un devoir d�ment impos� aux autorit�s militaires et qui a permis la concr�tisation, sans probl�me majeur, du plan Simoun.

41 SHD/GR, 1 H 1385, 7 juin 1962.
42 SHD/GR, 1 H 1385, 22 juin 1962.
          29. Finalement, seules quelques difficult�s sont � noter. D�une part, une modification du plan de transport. En effet, pour permettre une meilleure r�partition des recrues entre les r�gions militaires de m�tropole, le lieu de d�barquement des jeunes recrues d�Alger a �t� en partie modifi�. Il reste sans changement du 7 au 13 juin inclus. En revanche, les recrues convoqu�es � partir du 14 juin ont d�barqu� � l�a�rodrome militaire d�Istres, o� elles ont �t� r�parties entre les 5e, 6e, 7e, 8e, et 9e r�gions militaires 41. Par ailleurs, des d�penses suppl�mentaires, relatives � l�alimentation, sont signal�es 42. Hormis ces deux faits, le transfert des jeunes europ�ens s�est d�roul� correctement. Cependant, l�adh�sion �tait obligatoire et rev�tait un caract�re grandement autoritaire, ce qui permet de nuancer les propos des autorit�s au sujet du comportement des jeunes Europ�ens.

Une mobilisation obligatoire
          30. Une grande pression a �t� exerc�e par le gouvernement et les autorit�s militaires fran�aises. Les jeunes FSE, qui n�avaient pas �t� appel�s, devaient se pr�senter sous peine d��tre hors-la-loi. Dans la m�me logique, les autorit�s militaires se sont engag�es � transf�rer les recrues qui ne pourraient gu�re se rendre, faute de moyen de transport, au centre de rassemblement. Les jeunes FSE devaient se pr�senter au district de transit d�o� ils ont �t� achemin�s aux camps du Lido, pour Alger et d�Eckm�hl pour Oran. L�accueil et le transport des appel�s venant dans ces conditions au district de transit demeuraient � la charge de l�officier sup�rieur, chef du centre de rassemblement des recrues 43. Une initiative qui t�moigne non seulement de la rigoureuse organisation de l�op�ration mais aussi de l�urgence de sa r�alisation.

43 SHD/GR, 1 H 2709, 2 juin 1962.
44 SHD/GR, 1 H 1385, 6 juin 1962.
          31. Par ailleurs, le caract�re autoritaire du plan Simoun s�av�re incontestable car les jeunes recrues oblig�es de se pr�senter sont escort�es par des militaires charg�s d�emp�cher toute r�bellion. En effet, le g�n�ral commandant la zone d�Alger Sahel a �t� charg� d�assurer la protection contre toute men�e subversive susceptible de troubler le d�roulement des op�rations d�appel, en particulier aux abords du district de transit d�Alger et du camp du Lido, ainsi que pendant le transport des recrues entre ces deux points et lors de leur d�placement vers l�a�roport d�embarquement. Concr�tement, ces d�cisions se traduisent par la pr�sence d�une patrouille blind�e pour deux camions au maximum et d�un peloton blind� au-del� de deux camions 44.

45 Cros (V.), Le Temps de la violence, Paris, Presses de la Cit�, p. 207.
46 Katz (J.), L�honneur d�un g�n�ral, Oran 1962, Paris, L�Harmattan,p. 238-246.
47 Journal officiel de la R�publique fran�aise, 18 mai 1962, p. 4869-4870.
          32.Enfin, les autorit�s militaires multiplient les fouilles des jeunes FSE habitant Alger et Oran, d�j� importantes au mois de mai. En effet, d�une part, le pr�fet de police d�Alger, Vitalis Cros, affirme que dans le seul mois de mai, il eut 472 arrestations de tueurs ou de plastiqueurs et plus de 30 000 armes saisies 45. D�autre part, le g�n�ral du corps d�arm�e d�Oran, Joseph Katz, note que du 1er au 13 mai, 1 500 personnes et 300 v�hicules ont �t� contr�l�s, 500 personnes appr�hend�es, 214 arr�t�es. Tandis que du 15 au 25 mai, plus de 10 000 personnes et plus de 300 v�hicules dans les diff�rents quartiers de la ville europ�enne ont �t� contr�l�s ainsi que 300 personnes arr�t�es 46. Aux pr�mices du mois de juin, l�objectif des autorit�s militaires est de retrouver les �ventuels retardataires ou d�serteurs. N�anmoins, le caract�re autoritaire du plan s�exprime, surtout, en Alg�rie. Selon les autorit�s fran�aises, le plus important �tant que les jeunes FSE demeurent outre-mer. En effet, nombre d�entre eux ont d�sert� � leur arriv�e en m�tropole. En outre, les jeunes FSE sont lib�r�s � partir du mois d�ao�t. Le troisi�me article de l�ordonnance stipulait que : � Lorsque les circonstances le permettront, les jeunes gens titulaires d�un sursis qui auront �t� incorpor�s en application des articles 1er et 2e ci-dessus pourront b�n�ficier, dans des conditions d�termin�es par d�cret, d�une suspension de service afin de reprendre leurs �tudes. � 47

48 Ibid.,7 ao�t 1962, p. 7818.
49 Ibid., 1er juillet 1962, p. 6410.
          33.L�ordonnance no 62-908 du 4 ao�t � relative aux obligations militaires des jeunes gens de statut civil de droit commun en Alg�rie � 48 est destin�e � appliquer cet article. Elle d�montre, de nouveau, sans ambages que le plan Simoun �tait un pr�texte, temporaire, destin� � �loigner la jeunesse FSE de l�action de l�OAS en Alg�rie. Paradoxalement, � Alger dans une ville vid�e de sa jeunesse, une session de rattrapage �tait propos�e aux �tudiants. Le d�cret du 30 juin, �mis par le ministre de l��ducation nationale Pierre Sudreau, stipulait l�organisation d�une session sp�ciale d�examens au d�but du mois de novembre 49. � cette date, le gouvernement fran�ais pensait probablement qu�apr�s le r�f�rendum les jeunes appel�s anticip�s, minorit� europ�enne au sein du pays nouvellement ind�pendant, pourraient terminer leurs �tudes en Alg�rie. N�anmoins, le plan Simoun devint pour de nombreux appel�s anticip�s le symbole d�un non-retour.

Un symbole du non-retour ?
          34.Plusieurs jeunes hommes ne sont, effectivement, pas retourn�s en Alg�rie, leur terre natale, depuis leur transfert outre-mer. Ainsi en t�moigne le po�me d�un appel� anticip� : � Ce triste 21 juin 1962, le soleil plombe mais tout est flou, mes yeux s�embrument, les larmes coulent et je ne peux pas lutter. � travers les brumes de ma vue, l�-bas Oran n�est plus qu�une tache floue. Oran, Oran de ma jeunesse. � 50 Le plan Simoun est donc � corr�ler � l�exode des Europ�ens. Cet appel anticip� est donc devenu un exil anticip�, forc�, dans un lieu souvent inconnu. En effet, les jeunes FSE ont �t� d�racin�s, leurs familles ont �t� disloqu�es. Ils tentent de retrouver leurs proches dont ils n�ont plus de nouvelles : � Le 14 ao�t 1962 tout le personnel au grand complet fut r�uni t�t le matin dans l�enceinte majestueuse du 54e RA. Notre chef de corps nous annon�a alors, sans rire, que nous pouvions si nous d�sirions rentrer dans nos foyers. Quels foyers ? La plupart d�entre nous n�avait aucune nouvelle de notre famille �, affirme un t�moin51. Ce dernier, � l�image de plusieurs jeunes, pr�f�ra terminer son service militaire avant de rejoindre sa famille dont il r�ussit finalement � conna�tre la localisation : � Un �change assez compliqu� m�avait rassur� sur le sort de ma m�re et ma grand-m�re qui avaient �t� h�berg�es � B�ziers (...). Ils vivaient, serr�s (�) mais sains et saufs. � 52 Afin de pallier l�arriv�e des rapatri�s, dont la plupart n�a pas de toit, ni de ressources, des mesures d�accueil sont mises en �uvre.

50 T�moignage de monsieur Ren� Mancho.
51 T�moignage de monsieur Ange Gilbert Caramante.
52 Ibid.
          35.La cr�ation d�un secr�tariat d��tat aux Rapatri�s, le 24 ao�t 1961, confi� � Robert Boulin, est destin�e � conduire les op�rations de rapatriement. Une allocation mensuelle de subsistance est accord�e pour un an aux rapatri�s, en attendant leur reclassement professionnel. En 1967, la cat�gorie � rapatri�s � dispara�t des statistiques de demandeurs d�emplois, ce qui r�v�le leur int�gration �conomique. Les plus jeunes recrues concern�es par le plan Simoun, �g�es de 19 ans en 1962, ont � cette date 24 ans.

53 Pieds noirs magazine, op.cit., p. 32-33.

          36. Subsistent encore les blessures d�ordre psychologique et m�moriel, pour ces anciennes recrues dont on tait l�appel anticip�. Le t�moignage d�un appel�, un sursitaire �g� de 20 ans, dont le sursis fut r�sili�, est empreint d�amertume : � Alors, question : combien de jeunes gens ont �t� touch�s par ce qu�il faut appeler une rafle ? Et pourquoi les historiens sont si peu bavards � ce sujet ? � 53 Cette r�flexion pose le probl�me constant de la m�moire dans la th�matique de la guerre d�Alg�rie, une guerre qui n�a �t� reconnue que tr�s r�cemment. De fait, ce n�est que le 10 juin 1999 que l�Assembl�e nationale adopte une loi qui substitue l�expression de � guerre d�Alg�rie �� celle� d�op�rations de maintien de l�ordre �.


Notes
1 Lib�ration, 12-13 mai 1962, p. 3.

2 Le Monde, 24 mai 1962, p. 5.

3 Nous reprenons la th�se du journaliste Jean-Claude Vajou, Combat, 12-13 mai 1962, p. 1.

4 Les quatre autres mesures de l�� op�ration Fouchet �annoncent, notamment, la pr�sence de gendarmes mobiles dans les commissariats, le recrutement de policiers musulmans � auxiliaires temporaires occasionnels � au nombre de 1 200 � 1 500, ainsi que la r�vocation de fonctionnaires, l�expulsion de 50 Alg�rois et l�internement de personnalit�s oranaises. Elles sont destin�es � miner de l�int�rieur l�OAS en lui �tant une partie de ses recrues, ralli�es de gr� ou de force. Lib�ration, 13 mai 1962, p. 3.

5 Ce d�cret concerne la composition, les dates d�appel et les obligations d�activit� des premier et deuxi�me contingents de 1962. Journal officiel de la R�publique fran�aise, 3 d�cembre 1961, p. 1110.

6 Verd�s-Leroux (J.), Les Fran�ais d�Alg�rie de 1830 � aujourd�hui. Une page d�histoire d�chir�e, Paris, Fayard, p. 363.

7 Monneret (J.), La phase finale de la guerre d�Alg�rie, Paris, L�Harmattan, p. 19.

8 Ibid., p. 118.

9 Duranton-Cabrol (A. M.), Le Temps de l�OAS, Bruxelles, �ditions Complexe, p. 216.

10 La D�p�che d�Alg�rie, 17 mai 1962, p. 1.

11 Journal officiel de la R�publique fran�aise, 18 mai 1962, p. 4869-4870.

12 T�moignage de monsieur Ren� Mancho. Ceci est un extrait de son blog : http://oran1954.over-blog.com

13 T�moignage de monsieur Bernard Venis. Ceci est un extrait de son blog : www.alger-roi.net

14 Le Monde, 27-28 mai 1962, p. 3.

15 SHD/GR, 1 H 1736, dossier 2, �mission pirate de l�OAS, diffus�e entre 19h40 et 19h58, le 22 mai 1962.

16 SHD/GR, 1 H 1736, dossier 2, �mission pirate de l�OAS, diffus�e entre 19h56 et 20h15, le 2 juin 1962.

17 Journal officiel de la R�publique fran�aise, 3 juillet 1962, p. 2179.

18 Le Monde, 6 juin 1962, p. 2.

19 SHD/GR, 1 H 1385, 10 mai 1962.

20 SHD/GR, 1 H 1385, 26 mai 1962.

21 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.

22 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.

23 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juin 1962.

24 Pieds-noirs magazine, n� 21, d�cembre 1991, Pons (Cagnes), p. 32.

25 SHD/GR, 1 H 1385, 1er juin 1962.

26 SHD/GR, 1 H 1385, 30 mai 1962.

27 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.

28 Le Monde, 23 mai 1962, p. 7.

29 T�moignage de monsieur Bernard Venis, op.cit.

30 SHD/GR, 1 H 1385, 27 juin 1962.

31 SHD/GR, 1 H 2709, 19 juin 1962.

32 SHD/GR, 1 H 2709, 19 juin 1962.

33 Ibid., 27 juin 1962.

34 SHD/GR, 1 H 1385, 30 mai 1962.

35 T�moignage de monsieur Gilbert-Ange Caramante extrait du site suivant : www.cerclealgerianiste.asso.fr.

36 La D�p�che d�Alg�rie, 8 juin 1962, p. 1.

37 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juillet 1962.

38 Nous avons effectu� le calcul suivant : 2 313 (recrues incorpor�es en m�tropole) + 67 (recrues dirig�es vers Mers el-K�bir) = 2 380 recrues.

39 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juin 1962.

40 T�moignage de monsieur Ren� Mancho.

41 SHD/GR, 1 H 1385, 7 juin 1962.

42 SHD/GR, 1 H 1385, 22 juin 1962.

43 SHD/GR, 1 H 2709, 2 juin 1962.

44 SHD/GR, 1 H 1385, 6 juin 1962.

45 Cros (V.), Le Temps de la violence, Paris, Presses de la Cit�, p. 207.

46 Katz (J.), L�honneur d�un g�n�ral, Oran 1962, Paris, L�Harmattan,p. 238-246.

47 Journal officiel de la R�publique fran�aise, 18 mai 1962, p. 4869-4870.

48 Ibid.,7 ao�t 1962, p. 7818.

49 Ibid., 1er juillet 1962, p. 6410.

50 T�moignage de monsieur Ren� Mancho.

51 T�moignage de monsieur Ange Gilbert Caramante.

52 Ibid.

53 Pieds noirs magazine, op.cit., p. 32-33.


Pour citer cet article
R�f�rence �lectronique
Soraya Laribi , � Le plan Simoun ou la mobilisation anticip�e des conscrits europ�ens d�Alg�rie en juin 1962 �, Revue historique des arm�es, 269 | 2012, [En ligne], mis en ligne le 23 novembre 2012. URL : http://rha.revues.org/index7584.html. Consult� le 07 d�cembre 2012.


Auteur
Soraya Laribi
Actuellement professeur certifi�e, elle pr�pare un doctorat � l�universit� Paris IV-Sorbonne sous la direction du professeur Jacques Fr�meaux. Son m�moire de master 1, portant sur le plan Simoun, a remport� le � Prix universitaire du Cercle alg�rianiste � en 2009.

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Paru dans Revue historique des arm�es, 268 | 2012

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� Revue historique des arm�es