La basilique, de style romano- byzantin, a été construite sur un promontoire dominant la mer de 124 m, au Nord d'Alger. Elle est accessible par un téléphérique qui porte son nom depuis Saint Eugène (devenu BOLOGHINE), où se trouve le Cimetière Saint-Eugène. Elle est considérée comme «la sœur jumelle de l’église marseillaise Notre-Dame-de-la-Garde».
HISTOIRE
Souhaitant mettre fin à la piraterie en Méditerranée en s'emparant de leur principal port-refuge, les troupes françaises commandées par de BOURMONT débarquent à la pointe de SIDI-FERRUCH en juin 1830 et s'emparent d'ALGER les 4 et 5 juillet 1830. Si la prise de la ville ne constitue au départ qu'une simple opération de police, la présence française se prolonge pendant plus de 130 ans : Alger devient la capitale de la nouvelle colonie d'Algérie et à partir de 1848, la préfecture du département du même nom.
La ville d'ALGER est bâtie en amphithéâtre sur un rocher dont l'inclinaison est tournée vers l'Est. L'enceinte de cette étrange cité, telle que nous la trouvâmes, avait la figure d'un triangle, dont la base, formant une ligne brisée tracée par le rivage, présentait le côté le plus étendu. Les deux autres côtés montaient jusqu'à la Casbah, située au sommet du triangle. Un mur à l'antique, avec des tours de distance en distance et avec un espèce de fossé du côté Sud et un ravin profond du côté Nord, fermait cette enceinte. La ville offrait l'aspect d'une masse de maisons, recouvertes d'un enduit d'une blancheur éblouissante, que sillonnaient des ruelles étroites et tortueuses, où deux mulets ne pouvaient se croiser qu'au moyen des retraites qu'on avait pratiquées çà et là.
Des édifices religieux ponctuent certains sommets, comme Notre-Dame d’Afrique, qui a été bâtie sur un plateau dominant la mer, à 124 m d’altitude, dans la direction Nord-est.
Hardie et grandiose, admirablement proportionnée, dédiée à Marie Immaculée, l’architecte l’a conçue comme un hymne de gloire en l’honneur de l’Immaculée Conception.
Les Chrétiens ont connu en Afrique du Nord une grande et rapide extension, dès les premiers siècles de l’ère chrétienne. Ils furent à plusieurs reprises persécutés à mort par les fonctionnaires romains. Leur souvenir est
parvenu jusqu’à nous et se retrouve en cette basilique. Il y eut parmi eux de grands penseurs dont le plus célèbre est Saint Augustin, évêque d’Hippone (BÔNE). Il reste de cette époque, en Afrique du Nord, de nombreux vestiges : mosaïques, ruines d’églises, inscriptions.
Souslapressionmusulmane,peuàpeu,lesChrétiensdisparurent.Pendantlapériodeottomane,du17ème au19ème siècle,des Chrétiens, surtout Européens, étaient présents sur le littoral d’Afrique du Nord, comme consuls, commerçants, esclaves, prisonniers de guerre, ou religieux. Une vingtaine de ces derniers se succédèrent comme représentants de l’autorité de l’Église Catholique romaine auprès de ses fidèles.
Lors de la colonisation en 1830, la présence chrétienne reprit : Français, Espagnols, Italiens, Maltais, Mahonnais... si bien qu’après de longues tractations entre Louis-Philippe, Roi des Français et le Pape Grégoire XVI, le Saint-Siège érigea, le 9 août 1838, l’évêché d’Alger, comme suffragant de l’Archevêché d’Aix en Provence. M. l’abbé DUPUCH est nommé évêque d’Alger par ordonnance du 9 Août 1838.
Dès lors Antoine-Adolphe DUPUCH travailla à l’installation d’églises et de paroisses chrétiennes de 1838 à 1846. C’est lui qui acquit, grâce à la générosité de jeunes filles lyonnaises, une statue de bronze, nouvellement créée, sous le vocable de la Vierge Fidèle, qui allait devenir quelques années plus tard, Notre-Dame d’Afrique.
Monseigneur DUPUCH Antoine (1800/1856), depuis 1838 premier évêque d'Alger, se rendait en France le 12 mars 1840 pour une visite de quête dans les maisons des Soeurs du Sacré-Coeur. Le 12 mars il s'arrêta à Lyon à Ferrandière et présida une assemblée générale et extraordinaire des Enfants de Marie de l'institut du Sacré-Coeur. La Congrégation lui promit une statue de son choix. Lors d'une visite aux Dames du Sacré-Coeur de la rue de Varenne à Paris il fut immédiatement conquis par la "Virgo Fidelis" de Bouchardon qu'il vit dans le jardin. Une copie fut faite rapidement, grâce au moule qui existait encore. Le 5 mai 1840 à Lyon les Enfants de Marie de la Ferrandière la lui offrirent.
On l’appelle souvent « Notre Dame » ou la « Sainte Vierge », cette statue est une copie d’une œuvre créée en 1750 par un sculpteur du nom de BOUCHARDON. Né à Chaumont en 1698, décédé
à Paris en 1762, Edme Bouchardon fut un de ces statuaires de l'école française qui
conservèrent pendant le 18e siècle le grand style des artistes du siècle de Louis XIV.
Elle fut placée provisoirement chez les moines qui habitaient au monastère de la Trappe de STAOUËLI [BOUCHAOUI - là où eut lieu la bataille, du 19 juin 1830, livrée par l’armée française contre les troupes de la Régence] à 25 kilomètres d’Alger.
(L’abbaye de STAOUËLI) est un monastère trappiste, créé en 1843. Ce monastère fut érigé en abbaye le 11 juillet 1846 par Monseigneur Louis-Antoine-Augustin PAVY. Les moines la quittèrent en 1904. Cette Trappe symbolisa pendant soixante ans la présence du christianisme en Algérie]
La Statue : Cette statue en bronze (ce qui expliquait sa confusion par certains avec une Vierge noire) portait au front une couronne d'or et à ses pieds, les épées du maréchal PELISSIER et du général YUSUF Sur le pilastre, à droite de l'autel, était exposée la canne légendaire du général LAMORICIERE; et à gauche, dans un cadre, une petite médaille miraculeuse de la Vierge que le maréchal BUGEAUD porta à son cou pendant tout le temps des guerres africaines].
Ces moines la placèrent au-dessus de la porte de leur monastère et gravèrent en dessous une inscription en langue latine « ils m’ont établi leur gardienne ».
En 1846, Monseigneur DUPUCH, démissionne et l’abbé PAVY venant de LYON lui succède. Deux pauvre ouvrières, Marguerite BERGER et Anna CIQUIN, dont il était le conseiller spirituel, s’offrirent alors pour l’accompagner à Alger et se mettre à sa disposition.
Mgr PAVY projeta aussitôt la fondation d’un séminaire, tout près de l’actuelle Basilique, pour la formation de futurs prêtres, et décida d’en confier à ses deux auxiliaires l’infirmerie et la lingerie. Elles étaient à leur poste, quand les premiers séminaristes s’installèrent dans l’ancien Consulat de France, à FAHS ZGHARA, au dessus de SAINT-EUGENE, le 24 novembre 1846.
Privées du sanctuaire de Notre Dame de Fourvière à Lyon, où elles avaient l’habitude d’aller prier Marie, les deux lyonnaises rêvaient d’une église semblable à Alger pour satisfaire leur dévotion.
Elles placèrent une petite statue de la Sainte-Vierge dans le tronc d’un vieil olivier au fond d’un ravin à proximité du séminaire. Presque tout de suite, spontanément, les fidèles accoururent. Des femmes de marins d’abord, surtout dans les moments de tempête, puis des pèlerins de toutes catégories. Une chapelle fut même construite près de l’olivier, et Marie reçut tout naturellement en ce lieu le nom de « Notre-Dame du Ravin ».
On appellera cette statue en 1856 Notre-Dame d'Afrique, quand Mgr PAVY à Alger aura demandé l'avis d'une commission. Plusieurs noms avaient été avancés, mais finalement on adopta celui de N.D. d'Afrique à l'unanimité.
Mais Marguerite BERGER, appelée aussi Mademoiselle Agarithe, continuait de rêver d’une église qui dominerait Alger, comme Notre Dame de Fourvière à Lyon. Elle insistait auprès de l’évêque pour que son rêve devienne une réalité. De toute façon, le pèlerinage du ravin devait se transporter en un lieu plus pratique. L’évêque argumentait comme quoi il n’avait pas d’argent, mais Marguerite le pressait, lui faisant remarquer que pour Marie on lui donnerait tout l’argent voulu.
Finalement il s’exécuta.
On acheta un terrain, à un coût excessif, pour 10 000 francs, mais à cette époque nul autre emplacement ne pouvait convenir. On demanda à monsieur Jean Eugène FROMAGEAU, architecte de renom et aussi chef des édifices diocésains de l'Algérie, de dresser les plans, et l’évêque partit quêter à travers l’Algérie et toute l’Europe pour se procurer les fonds nécessaires.
On construisit le 2 juillet 1857 une chapelle provisoire, toujours en place derrière la basilique actuelle, et on encouragea les foules à venir prier Marie sur cette colline. Mgr PAVY alla reprendre au monastère de STAOUËLI la statue offerte par les jeunes filles de Lyon et l’installa dans la chapelle provisoire le 20 septembre 1857. Il avait dit aux moines : « Vous en avez fait gardienne de votre monastère je veux en faire la Reine de l’Afrique ».
A partir de ce jour Marguerite BERGER quitta le séminaire pour se vouer au service de sa céleste patronne. Elle devint la sacristine de la Chapelle ; se fait aménager une sorte de guérite en planches qui lui servait de magasin pour la vente d’objets de piété dont le profit était destiné à la construction de la future église. Les ressources venant trop lentement à son gré. Bientôt les bénéfices de ses ventes et les dons produisirent une somme relativement importante.
Mgr Louis, Antoine, Augustin PAVY (1805/1866)
Construction de l’église
La prévision des dépenses s’élevait à 5 000 000 de francs et le diocèse n’avait pas de ressources.
Dans une brochure intitulée Appel en faveur de Notre Dame d’Afrique l’évêque s’adressa aux chrétiens du monde entier. Les dons commencèrent à arriver : obole du pauvre, offrande du riche. Mgr PAVY prit le bâton du quêteur : toutes les paroisses du diocèse furent sollicitées et la plupart des diocèses de France entendirent la voix. Le résultat de ces quêtes permit de commencer les travaux. La pose de la première pierre eut lieu le 14 octobre 1855. De belles pierres de taille, tirées de carrières de KOUBA, formèrent les premières assises de l’édifice. L’œuvre progressait et, bien que Mgr PAVY ne reçût aucun subside de l’Etat, les travaux ne subirent aucun arrêt.
ALGER devient archidiocèse en juillet 1866
Une cloche et une croix, ramenées de SEBASTOPOL et offertes par le maréchal PELISSIER, étaient déjà placées, l’une à l’intérieur, l’autre sur le faite du campanile. Mais la croix principale, celle qui devait surmonter la grande coupole et couronner l’édifice, manquait encore.
L’architecte Jean-Eugène FROMAGEAU
L’architecte Jean-Eugène FROMAGEAU est né le 30 mars 1822 à Saumur (Maine-et-Loire) et mort le 16 octobre 1896, également à Saumur.
FROMAGEAU quitte le Maine-et-Loire en 1855 et est nommé architecte adjoint des édifices diocésains de l'Algérie. Il en devient architecte en chef le 14 février 1859 en remplaçant son ancien condisciple Paul FERAUD (1815-1884) devenu subitement aveugle. Il construit à Alger plusieurs édifices de style romano-byzantin : le grand séminaire de KOUBA (travaux de 1860 à 1872) et le petit séminaire de SAINT EUGENE. Il conduit également l'agrandissement de la cathédrale Saint-Philippe d'ALGER.
Son grand-œuvre est la Basilique Notre-Dame d’Afrique, dont le chantier démarre en février 1858 et qui fut achevée en 1872, peu après son retour en métropole en 1870.
Son expérience en Afrique du Nord avait profondément marqué FROMAGEAU. Selon Auguste BEIGNET, président de la Société des architectes de l'Anjou, dont FROMAGEAU était membre honoraire, il vivait en philosophe, « fuyant la clientèle comme la peste » et se faisant appeler « Ibrahim ». Il avait emprunté aux traditions arables le « Kief », calme apparent, presque extatique qu’il exposait dans une phrase « je regarde mes fleurs pousser. »
La grande croix dont il s’agit est d’un magnifique travail en fer forgé, haute de cinq mètres. A sa base jaillit une gerbe de 12 lys surmontée d’une couronne royale ; la partie supérieure, comprenant les bras, étale un bouquet de 28 roses à six pétales avec un gros bouton de cristal au fond de la corolle.
Elle était entièrement dorée et toute à jour, afin de ne pas donner prise au vent. Dès que cette merveille de ferronnerie fut terminée Mgr en fixa la mise en place au jeudi 31 mai 1866, jour de la fête dieu, et clôture du mois de Marie. (Cette croix rongée par l’air salin a été remplacée en 1953 par une nouvelle croix de même grandeur).
Mgr Louis, Antoine, Augustin PAVY s’éteignait le 16 novembre 1866 en regardant de sa chambre le dôme de Notre-Dame qui venait de s’élever. Le gros œuvre était terminé. Il laissait à son successeur le soin d’achever la décoration intérieure. Son corps repose dans le chœur de la Basilique, près de l’autel de celle à qui il avait voué sa vie
Monseigneur LAVIGERIE, qui lui succéda, hérita de Mgr PAVY son amour pour Notre-Dame d’Afrique et poursuivit avec constance les travaux d’aménagement. Tout se trouva prêt pour la consécration de l’édifice fixée au 2 juillet 1872. Il attendait une occasion solennelle pour mettre la statue de Marie en possession de son nouveau sanctuaire. L’occasion se présenta l’année suivante à l’ouverture du premier concile tenu sur la terre d’Afrique des temps modernes. C’est le 4 mai 1873 qu’eut lieu le transfert de la statue devant un grand concours de peuple. L’archevêque demanda ensuite à PIE IX, le pape de l’époque, la faveur de pouvoir couronner la statue de Marie à Alger, Reine de l’Afrique, le pape agréa la requête et la cérémonie fut fixée au 30 avril 1876. C’est cette date qui a été retenue pour célébrer chaque année la fête de Notre-Dame d’Afrique sur tout le continent.
Une circonstance touchante marqua la fin de la cérémonie. Mgr reçut des mains d’un ecclésiastique deux épées de combat. C’était un double ex- voto que deux chrétiennes, veuves de deux généraux illustres, faisaient déposer aux pieds de Marie. L’une de ces épées était celle du Maréchal PELISSIER, duc de MALAKOFF ; l’autre, celle du général YUSUF. Ces armes furent déposées au-dessous de la statue. Plus tard la canne légendaire du général LAMORICIERE fut, à son tour, placée sur le pilastre, à droite de l’autel. Un autre souvenir de la conquête se trouve sur le pilastre de gauche dans un cadre : c’est une petite médaille miraculeuse de la Très Sainte Vierge que le Maréchal BUGEAUD porta à son cou, pendant tout le temps des guerres africaines.
A droite, face au cadre du Maréchal BUGEAUD, un cadre semblable renferme la croix d’officier de la Légion d’honneur du Général de SONIS.
Transfert de la Statue
Mgr LAVIGERIE attendait une occasion solennelle pour mettre la statue de Notre-Dame d’Afrique en possession de son nouveau sanctuaire. Elle se présenta, l’année suivante, à l’ouverture du premier Concile tenu, en terre d’Afrique des temps modernes, après une interruption de douze siècles.
C’est le 4 mai 1873 qu’eut lieu le transfert de la statue devant un grand concours de peuple. L’archevêque demanda ensuite à PIE IX, le pape de l’époque, la faveur de pouvoir couronner la statue de Marie à Alger, Reine de l’Afrique, le pape agréa la requête et la cérémonie fut fixée au 30 avril 1876. C’est cette date qui a été retenue pour célébrer chaque année la fête de Notre-Dame d’Afrique sur tout le continent.
Assemblée Conciliaire avec l'Archevêque LAVIGERIE au centre.
Description de la Basilique
Source : http://alger-roi.fr/Alger/notre_dame_afrique/textes/02_histoire_livret_1948.htm
A l’extérieur :
La Basilique est bâtie sur un plateau dominant la mer, à 124 m d’altitude, dans la direction Nord-est.
Hardie et grandiose, admirablement proportionnée, dédiée à Marie Immaculée, l’architecte l’a conçue comme un hymne de gloire en l’honneur de l’Immaculée Conception.
Quand on arrive par bateau dans la baie d'ALGER, à l'extrême droite, se dresse un promontoire à 124 m au-dessus de la mer, la basilique Notre- Dame d'Afrique. Bien reconnaissable par son style néo-byzantin, sa coupole métallisée et son campanile, ses murs ocre ornés de faïences bleues; elle est entourée d'une esplanade, où il fait bon se reposer, et se trouve adossée à la montagne de la BOUZAREAH, presque entièrement bâtie maintenant, mais coiffée tout de même d'un bois de pins.
A la base des coupoles latérales, dans une dentelure de lis stylisés il a évoqué la Virginité de Marie et sur chacun de ces lis, il a sculpté un rosaire, rappel du salut de l’Ange et de la dévotion confiante de tout chrétien. Au dessus des arcades des vitraux, de la grande coupole, une couronne d’étoiles proclame la Royauté de Marie sur l’univers entier.
Ces mêmes motifs de décoration se retrouvent à l’intérieur de la Basilique.
Un large porche à deux ouvertures arquées en fer à cheval, surmonté de trois coupoles, donne accès à une nef unique flanquée de deux absides latérales. L’ouverture centrale du porche a été bouchée, on y a placé une statue en bonze du Christ ressuscité. Dans la pensée du fondateur cet emplacement devrait être occupé par une chaire à prêcher, élégamment profilée à l’extérieur en encorbellement d’où l’on aurait pu, les jours d’affluence, prêcher à la foule.
Les quatre pieds droits du porche avaient été destinés à recevoir dans leurs niches les statues des quatre Rédempteurs : Jean de MATHA, Félix de VALOIS, Raymond de PENNAFORT et Pierre NOLASQUE. Le mur de façade, percé d’une ouverture géminée, s’effile en ogive très brusquée à la base ; à droite de cette ouverture devaient être placées les armes du Saint Père et à gauche celles de Mgr PAVY ; un pied droit, assujetti en saillie au-dessous de la toiture, monte et franchit le faîtage pour supporter la statue dorée de la Vierge Mère dominant les flots, tandis qu’une ancre lumineuse, placée en 1917, rappelle au marin croisant au large le souvenir de Celle qu’on nomme l’étoile de la mer.
Chaque angle de la façade est flanqué d’une tourelle qui s’ouvre à la hauteur du chêneau et se termine par une calotte-coupole supportée de huit colonnettes. Au centre du raccordement de la nef et des absides se dresse le tambour d’une grande coupole percée comme les absides d’un rang de fenêtres espacées et abritées par un ornement fort saillant qui rappelle un peu dans ses détails, les dais dont les statues sont surmontées à la fin de la période romane. Plus haut, la coupole fuit en pointe, dominée par une croix très élancée de 5 mètres de haut, qui chaque jour à la tombée de la nuit s’illumine comme un phare de bénédiction et de salut.
Cette coupole s’appuie sur de robustes contreforts, terminés par une arcature aveugle portant une statue d’ange aux ailes redressées. A la partie supérieure de la façade et des pignons, brille une frise en faïence émaillée bleu turquoise qui ceint la Basilique toute entière. Cette ornementation qui jette un vif éclat au soleil levant et au soleil couchant est un emprunt à l’architecture hispano-mauresque de l’Afrique du Nord.
En retrait de la coupole, s’élève le campanile qui devait en premier lieu être édifié sur la façade de la maison des aumôniers, transformée aujourd’hui en orphelinat. Six fortes cloches donnent lors des festivités une sonnerie puissante et harmonieuse. En outre, le 2 juillet 1954, fut inauguré un carillon de cinq cloches offert par les fidèles en souvenir de l’Année Mariale
La façade du côté de la mer : La Basilique possède deux belles portes récemment refaites. Elles sont en pin d’Oregon. Au-dessus des deux portes, la statue de Notre Dame d’Afrique, haute de 3 mètres, accueillant les visiteurs.
Les quatre façades ont un bandeau de carreaux de céramiques, et à chacune des 4 extrémités un clocheton monté sur colonnettes.
Le dôme qui culmine à 48 mètres est surmonté d’une croix de 4 tonnes. Ce dôme magnifiquement proportionné est sculpté avec les symboles mariaux. La triple couronne de pierre de la coupole symbolise Marie Vierge, Mère et Reine.
Le campanile : Situé tout à fait à l’opposé de l’entrée (du côté de la petite rue), cette tour carrée qui ressemble à un minaret renferme un joyau de 11 cloches avec carillon.
A l’intérieur :
En entrant sous le portail, on admire à gauche, une magnifique reconstitution, en marbre merveilleusement fouillé, oeuvre d’art religieux marial des premiers temps de l’ère chrétienne. Cet harmonieux ensemble comprend :
-au centre, en bas-relief : la scène de la présentation aux Mages guidés par l’Archange Gabriel, de l’Enfant Jésus par la Vierge Marie. D’une grande délicatesse d’exécution, cet ouvrage (4e siècle) a été découvert à CARTHAGE ainsi que les plombs de bulle formant les angles de la composition.
-au-dessus du bas-relief, un carreau de terre cuite avec cette inscription « Sainte Marie, secourez-nous ».
–enfin, une entaille de pierre, trouvée en Kabylie, porte cette inscription en grec et en arabe : « Protège tes serviteurs, ô Marie »
Dans la Basilique, on aperçoit sur l’autel monumental, dominant le sanctuaire, la statue de Notre-Dame d’Afrique, portant au front la couronne d’or. C’est une statue de bronze – ce qui explique sa couleur noire – offerte en 1840, mais elle a été recouverte de draperies précieuses.
A gauche se trouve l’autel de Saint-Augustin, tandis que, à droite, lui fait face l’autel Sainte-Monique. Sur les deux autels on remarque deux reliquaires renfermant une parcelle des bras de ces deux saints.
Tandis que la chapelle de Saint-Augustin abrite six ex-voto, précieux souvenir d’un grand dévot à Notre-Dame d’Afrique : Le Père de FOUCAULD, la chapelle de Sainte-Monique, conserve au-dessus du Reliquaire un grand cœur d’or, dans lequel les mères chrétiennes, inquiètes de l’avenir de leurs enfants, viennent renfermer leurs noms, tout en priant pour eux comme autrefois Monique dans l’anxiété priait pour son fils Augustin.
Au fond de l’abside, au-dessus du maître autel le regard est frappé par une grande fresque. Au centre, l’image de Marie entourée des quatre grands saints africains qui aux premiers siècles ont chanté ses gloires : Saint-Cyprien, Saint-Augustin, Saint-Optat et Saint-Fulgence.
Au-dessous se trouvent les Evêques et Archevêques de la nouvelle église d’Afrique qui ont bâti, orné et particulièrement aimé la Basilique ; au premier rang à droite en regardant la fresque, Mgr PAVY, deuxième évêque d’Alger, en cappa magna et à genoux présentant la maquette de la Basilique à la Sainte-Vierge ; à gauche, debout et en chape , le Cardinal LAVIGERIE tient dans ses mains la couronne qui fut posée le 30 avril 1876, sur le front de la statue. Tout autour de ces illustres Pontifes, un peu en retrait, leurs successeurs : Mgr DUSSERE, Mgr OURY, Mgr COMBES et Mgr LEYNAUD.
Dans l’angle de gauche deux simples femmes émergent au milieu d’un groupe de musulmanes vêtues de blanc : ce sont les deux saintes filles, Marguerite BERGER et Anne CINQUIN, que Monseigneur PAVY, avait amenées de Lyon. AGARITHE, l’instigatrice infatigable du pèlerinage pouvait s’endormir en paix, elle mourut comme une sainte en 1875. Anne CINQUIN lui survécut jusqu’en 1884.
L’ORGUE
L’instrument actuellement installé dans la basilique a été réalisé en tant que grand orgue de concert par la manufacture Cavaillé-Coll et signé par Charles Mutin, facteur français, pour la résidence de M. et Mme A. Weddell, qui résidaient villa Georges à Alger, au 47, rue du Télemly. C’est un orgue de 26 jeux et plus de 1 500 tuyaux. Il a été inauguré le 31 décembre 1911 par le musicien Camille Saint-Saëns, ami et voisin des propriétaires. L’orgue fut donné en 1930 par Mme Weddell et installé dans la basilique. Il a été restauré entre 2000 et 2002.
Si complément voir site : http://alger-roi.fr/Alger/telemly/pages_liees/47_orgue_villa_george.htm
Les VITRAUX
Labasiliquecomprendquarante-sixvitraux,posésau19e siècleparlemaîtreverrierGuilbertd’AUELLE,d’Avignon.Soufflés par le bombardement du 16 avril 1943, ils ont été ensuite restaurés. Cette fois-ci, il a fallu les exporter chez des maîtres verriers de Marseille puis... les ramener en Algérie.
Quant on entre dans la Basilique, on remarque de suite la statue de bronze qui a été réalisée en 1840 par le sculpteur Charles CHOISELAT (1816/1858), bronzier à Paris. Son visage noir vient de la couleur que prend le métal en vieillissant. Elle est vêtue d’une robe et d’un manteau brodés de fils d’or à la mode du costume des femmes d’Algérie, du style medjboud de Tlemcen. Elle est surmontée d’un fin baldaquin de style mauresque et elle repose sur un socle décoré d’une frise florale en céramique, œuvre d’un artisan de KOUBA, où domine le bleu, couleur traditionnelle attribuée à Marie.
Le 8 août 1885, une dame de Blida offre de faire confectionner à ses frais une robe pour la sainte Vierge. Les Pères acceptent avec reconnaissance et prient la bienfaitrice de s'adresser aux Carmélites pour l'accomplissement de son pieux dessein. C'est le diaire de Notre-Dame d'Afrique qui tient à le préciser. Ce même diaire, à la date du 19 décembre, rapporte qu'une
« souscription, pour l'achat d'une robe à la sainte Vierge, est ouverte... » Sans doute pour compléter le don de la première bienfaitrice. Toujours est-il que le diaire déclare le 29 avril 1886 que « le nombre des ex-voto déposés à la sacristie de Notre Dame d'Afrique, a été de 22 pendant le mois d'avril, sans compter la riche robe de la Vierge, brodée par les Carmélites de la cité Bugeaud, et due aux souscriptions de nombreux fidèles ». D'après une photo, en noir et blanc, publiée en 1914 cette robe était très claire, parsemée de motifs brodés, hexagonaux, semblables à des flocons de neige, de la taille environ de la paume d'une grande main. Au centre, à la hauteur de la poitrine, un cœur, brodé lui aussi.
La voûte est décorée d’une fresque, refaite en 1993 par un artiste algérien aidé d’un mexicain, qui représente l’hommage à Marie de l’ancienne église d’Afrique (en haut) et de l’élise des temps modernes (plus bas). La reproduction d’une mosaïque chrétienne de Cherchell et une esquisse de la ville d’Alger complètent l’ensemble.
Notre Dame d'Afrique est surtout un sanctuaire dédié à Marie, mère de Jésus. Derrière l'autel sur le mur de l'abside une maxime inscrite en français, en arabe et en berbère indique : « Notre Dame d'Afrique priez pour nous et pour les Musulmans. »
Lorsqu’à la fin de l’année 1867, le choléra s’abattit sur l’Algérie, faisant plus de soixante mille morts, surtout parmi les plus pauvres de la population arabe, Mgr Lavigerie, tout nouvel évêque d’Alger, recueillit les orphelins et prit soin de tout son peuple, des chrétiens comme des musulmans. « Je suis évêque, disait-il, c’est-à-dire père, et quoique ceux pour lesquels je plaide ne me donnent pas ce titre, je les aime comme mes fils et je cherche à le leur prouver : heureux, si je ne puis leur communiquer ma foi, d’exercer du moins la charité envers ces pauvres créatures de Dieu ». Et lorsque quelques années plus tard, le 2 juillet 1872, il consacra solennellement la basilique sur les hauteurs d’Alger, il fit écrire en grandes lettres sur les murs de l’abside : « Notre- Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans ».
Monseigneur LEYNAUD
Les Prémontrés se retirèrent en 1873. Les Pères Blancs, fondés par Mgr Lavigerie, prirent alors la direction du pèlerinage jusqu’en 1897. Ils laissèrent la place au clergé diocésain jusqu’en 1930, date à laquelle Mgr LEYNAUD (5ème archevêque d’Alger, de 1917 à 1953) demanda aux Pères Blancs de revenir.
Mgr Augustin LEYNAUD (1865/1953)
Pour lire sa biographie : http://www.memoireafriquedunord.net/biog/biog05_leynaud.htm
Au fil des ans, au fil des fêtes mariales et des fêtes liturgiques de l’Église Catholique Romaine, et même chaque jour, visiteurs et pèlerins, ont gravi la colline avec les moyens de chaque époque. Dès le début, il avait été écrit sur le mur dans le chœur de la Basilique : Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les Musulmans ; Chrétiens et Musulmans s’y côtoyaient. Peu à peu ces lieux boisés furent défrichés et une population de plus en plus nombreuse s’installa. En 1930, il y avait assez de chrétiens dans ce quartier pour que Mgr LEYNAUD érigeât en paroisse la Basilique Notre-Dame d’Afrique, qui ne cessait pas pour autant d’être un lieu de pèlerinage.
Tout prêt de la basilique, un Carmel apostolique avait été fondé en 1892 qui dût être abandonné en 1911. Après la Grande Guerre, en 1920, l’Archevêque LEYNAUD y installa un collège de garçons Institution Notre-Dame d’Afrique, dirigé d’abord par des prêtres diocésains puis par les Jésuites. En 1975, il devint le Lycée Ibn Khaldoun. Les prêtres qui travaillèrent dans cette école apportèrent aux aumôniers de la Basilique un soutien appréciable.
La même année, 1920, les Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie, sont appelées pour s’occuper d’un orphelinat de filles, assurer diverses fonctions à la basilique (sacristie, chants, boutique), et surtout être chaque après midi adoratrices du Saint Sacrement. Cette œuvre occupa les locaux des Prémontrés qui avaient jusqu’ici servi d’aumônerie aux divers recteurs de la Basilique et à leurs auxiliaires. Pour les loger l’archevêché acheta l’hôtel Charmant Séjour de Monsieur BOMPARD, qui avait été édifié tout près de la chapelle provisoire vers 1900. L’aumônerie s’y trouve toujours.
Mgr LEYNAUD eut à cœur de moderniser et de décorer la basilique. Ainsi il pourvut à la première électrification en 1921. En 1930 il fit construire la tribune pour recevoir le grand orgue donné par Monsieur Weddell. En 1937 une fresque fut peinte dans l’abside du chœur par l’artiste belge Emile DECKERS. Le point faible de la basilique étant le manque d’étanchéité des absides, ce fut le grand souci des recteurs de pallier à cet inconvénient et la dégradation de cette œuvre s’accentuant, il fallut pourvoir à son remplacement en 1993.
Pendant la seconde guerre mondiale, un grand malheur se produisit. Un avion italien en perdition lâcha ses bombes qui ne tombèrent point dans la mer, comme il le voulait, mais sur l’orphelinat des Sœurs Franciscaines. 15 religieuses furent tuées sur le coup, mais par miracle aucun des 100 enfants ne fut touché. Les vitraux de la basilique furent brisés, et le campanile ébranlé.
La première croix sur le dôme date de 1866. En 1953, un peu avant sa mort, Mgr LEYNAUD procéda à la bénédiction d’une nouvelle croix. 50 ans plus tard, la croix devait être remplacée. La Basilique est une construction très solide, résistante aux séismes, mais qui subit l’assaut des pluies et des vents qui rongent peu à peu certaines pierres, et les joints au mortier de sable et de chaux utilisés au 19ème siècle. Les fers mis çà et là pour solidifier les colonnettes et le dôme du campanile rouillent et font éclater la pierre. Tout ceci fait qu’au moment où cette plaquette est rédigée, la restauration complète de la Basilique est engagée.
Monseigneur Léon, Etienne DUVAL fut nommé archevêque d’ALGER en 1954. Il prit fait et cause pour le FLN, ce qui est son droit, mais sa compassion fut totalement hémiplégique, ce que nous n’oublierons jamais.
Voir avec ce lien : http://alger-roi.fr/Alger/tribune_libre/pages_liees/25_duval_pons.htm
Et aussi : https://www.youtube.com/watch?v=ZbE7HvkoFKs
THEOULE sur MER (06)
La première pierre de ce mémorial a été posée le 27 mai 1990 et les travaux débutent en 1992.
Le 1er mai 2014, une foule émue est venue inaugurer cette réplique revisitée de Notre Dame d’Afrique d’ALGER.
L’association créée pour la réalisation de ce mémorial a inauguré le 1er mai 2014 à THEOULE SUR MER la statue dédiée aux rapatriés d’Algérie.
Les travaux ont duré 24 ans : Voir la suite avec ce lien http://babelouedstory.com/thema_les/asso/5975/5975.html
Bonne journée à tous
Jean-Claude ROSSO
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